Mother 2
Suite au succès de Mother au Japon et surtout parce qu’il le voulait, Shigesato Itoi mit en route le développement de son successeur sur Super Famicom (Super Nintendo). La plupart des éléments qui ont fait le succès du premier épisode ont été conservés dans le second, ainsi que quelques défauts très gênants. Mais ne boudons pas notre plaisir, Mother 2 (Earthbound, aux USA) est une franche réussite qui procure un plaisir de jeu rarement égalé.
Tout commence quelques années après la fin de Mother 1, en 199X (X = ?), lors d’une nuit au cours de laquelle une météorite s’écrase au nord d’une tranquille bourgade des Etats-Unis. Réveillé par le bruit, Ness se rend sur le lieu du crash en compagnie de son fidèle toutou et de son abruti de voisin, Pokey. La météorite s’ouvre et libère un étrange insecte du nom de Buzz Buzz, venu d’un futur aux allures d’apocalypse pour lui annoncer qu’il est le seul capable de détruire Giygas, un terrible démon qui fait régner le chaos. Ainsi commence le long voyage de notre héros qui ne tardera pas à rencontrer ses trois compagnons : Paula, Jeff et Poo. Au niveau du scénario, pas de grands changements par rapport au premier ; des gamins normaux qui n’ont jamais rien demandé à personne se retrouvent propulsés sur le devant de la scène pour sauver l’univers (le monde ne suffit pas, lol).
Pour ce qui est du jeu en lui-même, on retrouve avec plaisir le style graphique volontairement placé en dessous des possibilités offertes par le machine, le système de combat au tout par tour, le téléphone et les ennemis très puissants. La grande nouveauté vient du fait que l’on voit les ennemis arriver alors que dans le premier, les combats se déclenchaient aléatoirement. La perfection n’existe pas (malheureusement), aussi, il faut bien que quelques défauts viennent ternir ce tableau idyllique. Comme dans le premier épisode, le nombre d’objets que l’on peut porter dans l’inventaire est limité, ce qui est fort désagréable, et même encore plus que dans le premier puisque les objets importants « qu’il ne faut surtout pas jeter » sont plus nombreux et que les objets équipés restent stockés dans l’inventaire. Aussi, chaque fois que l’on ouvre un cadeau, on se demande si l’objet offert vaut le coup d’en jeter un autre et les premiers sacrifiés sont toujours les objets de soin. C’est à s’interroger sur l’utilité des boutiques de nourriture… Second point noir : la difficulté. Sans doute les japonais aiment-ils les challenges bien corsés mais je trouve que dans un RPG, ça fait tache. Les monstres sont trop puissants comparés aux personnages (même si on les entraîne !) et surtout au boss du donjon. Tout au long du parcours, on galère pour avancer en utilisant un minimum de pouvoirs PSI (la magie) sous peine de ne plus avoir de PP contre le boss (si on perd des points de vie, il faut les récupérer et puisque l’inventaire ne peu contenir des objets de soin en quantité nécessaire, on a recours aux pouvoirs PSI, c‘est vicieux) et arrivé contre le boss, on lui défonce littéralement la tronche sans trop de difficulté puisque là, on a le droit de se lâcher. Autre détail frustrant concerne la fréquence des points de sauvegarde que l’on ne trouve qu’en ville. Si on perd contre un boss, on est bon pour se retaper tout le parcours et ça, c’est très frustrant. Certains pourraient me rétorquer que sur émulateur, on peut sauvegarder quand on veut et je me fais un plaisir de leur répondre : Heureusement que l’émulateur est là ! Autrement, il est impossible d’avancer sereinement (un minimum, puisque d’autres détails sont là pour nous frustrer) dans ce jeu la première fois qu’on l’aborde. Le comble, c’est que je possède le jeu en version cartouche et que je suis contraint d’y jouer sur émulateur… frustrant, je vous dis (et je ne parle pas des dernières armes… 1 chance sur 128 de les avoir). Dernière erreur : les personnages ne peuvent pas courir et ils sont trop lents.
Hein ? Comment ça je n’ai dit que des méchancetés sur le jeu ? Ah zut… Mais attendez, je n’ai pas encore tout dit ! Si la difficulté et le malaise généré par l’inventaire très peu spacieux sont (très très) frustrants une fois, cette frustration se dissipe lorsque l’on recommence le jeu. La grande force d’Earthbound réside en effet dans son énorme potentiel de rejouabilité. Chaque PNJ a quelque chose de drôle ou d’intéressant à dire et lors du premier passage, on ne prend pas forcément le temps de leur adresser la parole. Lorsque l’on recommence le jeu, on sait à quoi s’attendre et cette connaissance permet de réduire la frustration ressentie lors de la première partie et de prendre son pied en profitant pleinement des richesses du jeu et de son humour que l’on apprécie pas forcément dès la première fois. L’humour est un autre point fort du jeu. Si on trouve un peu d’humour dans la plupart des RPG, aucun autre (à part Tomato Adventure, mais il est arrivé après) n’est basé dessus. Mother 2, c’est du grand n’importe quoi, une succession de situations toutes plus absurdes et délirantes les unes que les autres. Mother 1 avait déjà fait pas mal dans ce domaine mais Mother 2 fait encore plus fort ; attendez un peu de rencontrer « Dungeon Man ». Notez que les ennemis sont aussi variés et leur design fait toujours autant rire.
Mother 2 est donc un jeu frustrant mais diablement prenant (et oui, c‘est compatible. Du grand n‘importe quoi jusqu‘au bout…) . Si l’on arrive à surmonter la mauvais impression justifiée par la difficulté mal dosée, on ne peut qu’apprécier ce jeu qui reste une référence du genre sur Super Nintendo et dans le monde du jeu vidéo en général. Prions pour que ce jeu ait droit à un lifting anti-frustration sur DS ou sur Wii. Ce serait un bon moyen de préparer l’arrivée de Mother 3 chez nous
Graphismes : 15/20Volontairement minimalistes, ces graphismes sont le cachet de la série. Au premier abord, on peut les trouver bâclés mais il n’en est rien car ce style colle parfaitement à l’univers du jeu. Mention spéciale aux décors de combat, ça change des environnements classiques.
Scénario : 18/20L’histoire est bien construite et des tonnes de scènes absurdes l’agrémentent agréablement.
Son : 16/20Les bruitages sont amusants et les musiques très sympas. Contrairement aux graphismes, le son fait honneur à la console.
Gameplay : 9/20Tout est dit plus haut : l’inventaire trop petit, les personnages qui ne savent pas courir et la difficulté mal dosée rendent la progression frustrante. Certains diront sans doute que j'exagère car la jouabilité reste acceptable.
Durée de vie : 18/20Le jeu se termine en une trentaine d’heures, dont 8 consacrées à l'entraînement des persos, et on y revient avec grand plaisir.