Ranma Nibunnoichi : Chougi Ranbu hen

Avant de commencer le test de Ranma Nibunnoichi : Chougi Ranbu hen, il me semble judicieux de commencer par une petite introduction. Si vous voulez passer au test directement, c'est quelques paragraphes plus bas...

Ne lisant pas le Japonais, je précise que j'ai aussi trouvé la transcription "Rambuhen", mais que j'ai opté pour l'autre "Ranbu hen".

Si vous avez connu l'époque du Club Dorothée du début des années 90', vous connaissez probablement Ranma 1/2. Cette série complètement loufoque et extrêmement drôle de Rumiko Takahashi, la mangaka déjà célèbre pour Urusei Yatsura (Lamu) et Maison Ikkoku (Juliette Je t'aime) ne compte pas moins de 161 épisodes, en partie adaptés du Manga éponyme.

Comme un bon nombre de dessins animés et de mangas à succès de l'époque (Dragon Ball Z, Sailor Moon...), Ranma 1/2 s'est vu adapté en jeux vidéo par nos amis Japonais. Malgré le succès rencontré aussi en Europe, nous n'avons eu droit qu'a une partie de ces adaptations en version Pal (Dragon Ball Z) voir un seul jeu sur 5 ou 6 au Japon (Ranma, Sailor Moon) ou parfois aucun (Ken le survivant).

Dans le cas de Ranma, il existe au Japon rien que sur Super Famicom cinq jeux inspirés des personnages de Rumiko Takahashi :

- Ranma Nibunnoichi : Chounai Gekitou Hen (1992)
- Ranma Nibunnoichi : Bakuretsu Rantou Hen / Ranma 1/2 : Hard Battle (1992)
- Ranma Nibunnoichi : Akaneko-dan teki Hihou (Treasure of the Red Cat Gang) (1993)
- Ranma Nibunnoichi : Chougi Ranbu Hen (1994)
- Ranma Nibunnoichi : Ougijaanken (1995)

Parmi ces 5 titres, on trouve un RPG (Akaneko-dan teki Hihou) et une sorte de Tetris (Ougijaanken).


Les 3 autres sont des jeux de combats (Chounai Gekitou Hen, Bakuretsu Rantou Hen et Chougi Ranbu Hen). En France, un seul nous est parvenu en version Pal : Bakuretsu Rantou Hen sous-titré "Hard Battle" aux Etats-Unis et "Ranma 1/2" tout court chez nous.

Pourtant, ce n'est pas cet épisode qui nous intéresse aujourd'hui. Alors pourquoi s'intéresser à un autre opus sorti uniquement au Japon ? J'imagine que pour vous, le fait que le jeu soit sorti au Japon le jour de mon anniversaire n'est pas un motif valable pour s'intéresser à celui ci plutôt qu'à un autre. Et vous aurez raison ! On va mettre de côté le RPG qui de toute façon est peu praticable par quelqu'un qui ne maitrise pas le Japonais. Nous ferons de même pour le "Tétris" car Ranma, c'est avant tout des combats d'arts martiaux entre deux quiproquos et autres gags. Il nous reste les 3 jeux de combat 1 vs 1.

Le premier jeu est sorti en version US mais le design des personnages a été complètement changé pour le territoire nord américain et n'a plus rien a voir avec Ranma 1/2 (seul les décors sont restés). Le jeu est sorti sous le nom de street combat.


Le second, celui que nous connaissons en France est un jeu assez moyen. Si l'esprit de la série est totalement respecté (décors familiers dans l'ensemble réussis issus du manga ou de l'animé, mimiques des personnages...) et dispose même de quelques effets de mode 7 surprenants (la transformation d'Happosai notamment), le jeu est plombé par sa lenteur et le manque de souplesse de ses personnages. Un comble quand on connait le dynamisme de l'animé.


Le troisième, celui qui nous intéresse aujourd'hui, est sans conteste le plus réussi. Il devait sortir en amérique du nord sous le titre Ranma 1/2 II super Battle avant d'être finalement annulé, limitant ainsi les chance de le voir arriver cher nous. Après ce bref tour d'horizon des jeux Ranma sortis sur le support, voyons voir ce que vaut ce Ranma Nibunnoichi : Chougi Ranbu Hen.

PRESENTATION

Ce Ranma 1/2 propose 13 personnages :

- Ranma (version garçon)
- Ranma (version fille)
- Ryoga (Roland en VF)
- Akane (Adeline en VF).
- Genma (version panda)
- Tatewaki (Julian en VF)
- Kodachi (Géraldine en VF)
- Ukyo (Frédérique en VF)
- Shampoo (Bambou en VF)
- Mouse (Mathias en VF)
- Mariko (avec les pompons)
- Hinako (la prof qui "change de taille")
- Herb


Plusieurs modes de jeu sont disponibles. A commencer par le mode histoire. Dans ce mode, le personnage choisi reçoit une lettre expliquant la recette du Maneki Neko ("chat de la bonne fortune" en français), qui a la capacité d'exaucer tous les vœux. Il part alors à la recherche des 12 ingrédients du Maneki Neko, situé partout dans le monde, avant que l'un de ses rivaux fait la même chose. Evidemment, le souhait de chacun est en rapport avec le manga et/ou l'animé. Akane par exemple veut savoir nager. Evidemment, à la fin ça ne se passe pas forcément comme souhaité, un peu comme dans la série.

Ce tour du monde explique pourquoi les décors, fort jolis au passage, ne sont pas ceux que l'ont retrouve habituellement dans Ranma. On retrouvera un paysage dans la savane, le Loch Ness, un temple grec, un terrain de foot US, la banquise, la jungle ... etc.


Il existe bien sûr en plus du mode histoire un mode 1 Vs 1 classique ainsi qu'un mode "tag team", c'est à dire par équipe en duo. Si le personnage que vous contrôlez est en difficulté (et à moins de vie que son adversaire), il peut passer le relai à son partenaire en appuyant sur select. Après les King of Fighters ou les Marvel vs Capcom ça peut sembler anecdotique, mais à l'époque c'était rare et la présence de ce mode mérite d'être soulignée là où bien souvent dans ce type de jeu on ne pouvait faire que du 1 vs 1. Par contre, si le 1 vs 1 permet de jouer contre le CPU, le tag team n'est possible qu'entre 2 joueurs humains.

LE GAMEPLAY

Si vous avez pris le temps de lire l'intro ou si vous avez joué à l'opus sorti en France, vous savez que le principal problème du jeu était son rythme. Mou, rigide et avec des coups également assez limités. Ce qui était très dommage.

A défaut de corriger complètement les défaut du premier, force est de constater qu'il y a un net progrès et le jeu est bien plus agréable. Si il est bien moins technique qu'un Street Fighter 2 par exemple, le jeu à le mérite d'être assez accessible sans pour autant délaisser les désormais classiques coups à charge et autres quarts de cercle au pad. La palette de coup semble un peu plus étoffée (4 ou 5 coups spéciaux pour chaque perso), ce qui ne peut que nous ravir.

Chaque personnage dispose aussi d'un "super". Ici pas de jauge, mais en appuyant sur le bouton L (bouton de provocation durant laquelle Ranma fille tire la langue par exemple) votre personnage commence à charger de l'énergie . Après une ou deux secondes sans interruption leur barre de santé se met à clignoter permettant de déclencher un super coup. Attention toutefois, charger la "furie" vous rend fatalement vulnérable... De plus, sortir un autre coup spécial ou vous faire toucher annule le clignotement de la jauge, rendant l'exercice plus que périlleux ! Heureusement que la maniabilité assure et qu'il reste plus facile d'exécuter une manip de furie qu'une fatalité à Mortal Kombat. Au passage, on peut assigner un coup particulier à un bouton dans les options et si besoin modifier la difficulté contre le CPU. De quoi rendre l'ensemble paramétrable et accessible à tous les joueurs en fonction de leur niveau.


Comme dans le volet sorti en France, les combinaisons Y et B ou A et X en même temps permettent pour la plupart des personnages d'effectuer un coup spécial. Il est bien évidemment possible de donner des coups de poings et de pieds normaux faibles et forts (2 boutons de pied, 2 boutons de poing) et de sauter, le contraire aurait été étonnant...

La rapidité des personnages a aussi été revue à la hausse même si globalement c'est encore un peu lent. Il est néanmoins indéniable qu'ils ont tous gagnés en souplesse rendant l'ensemble bien plus agréable.

Bref, sans atteindre les plus grands jeu du genre, ce qui est mis à notre disposition reste honorable. Cependant il manque un petit quelque chose encore mais il est difficile de définir ce qui cloche. Peut être la gestion des collisions un poil approximative ou le côté parfois un peu bourrin qui prend le pas sur les techniques. Toujours est-il qu'aujourd'hui, il peut paraitre difficile de s'y remettre car le genre à beaucoup évolué en terme de confort et de possibilité, mais il serait bien dommage de ne pas au moins l'essayer si on en à l'opportunité. Ne serait-ce que pour retrouver un peu l'ambiance délirante de Ranma.


L'aspect positif, c'est qu'on peut jouer en bourrinant quand on débute en ayant la joie de faire du grand n'importe quoi dans un univers qui s'y prête bien, ou alors pour les plus à l'aise avec le genre d'avoir une approche plus technique à base de coup spéciaux. Les deux sont possibles, même si globalement on a tendance à toujours revenir un peu dans l'ambiance "joyeusement bordélique" plutôt que de rester dans une approche purement technique, le jeu se voulant avant tout comique et fun à regarder. Mais ce n'est que mon impression.

UN JEU SOIGNE

Visuellement, les décors comme les personnages sont beaux et fins (bien plus que dans notre version "hard battle"). ça fait plaisir à voir. Chaque personnage à une panoplie de coups assez délires et on ne déplore aucun clone. Même pour Ranma, les développeurs se sont attaché à différencier la version garçon et fille (vitesse, allonge, puissance, coups de bases).


Les musiques sont tout à fait correctes et nous avons des voix digitalisés fort sympathiques (quoiqu'assez étouffées).

Voici un TAS (tool assisted speedrun) qui n'est probablement pas le meilleur moyen de découvrir le jeu, mais ça vous donnera une idée du soin apporté aux graphismes, des coups et d'entendre les musiques et les voix digits, ce qui n'est déjà pas si mal. N'espérez toutefois pas jouer comme ça. Le TAS est forcément sur un rythme soutenu et la difficulté du jeu étant réglable, il y en aura pour tous les goûts.


Des efforts ont été apportés sur la finition : changement de couleurs des persos, attaque et défense paramétrable en versus, les mimiques des persos, les taunts, la transformation de Hinako en plein match et comme d'habitude dans les versions japonaises une boite et un livret DE TOUTE BEAUTE !!! J'ai presque envie de dire quel livret est une pièce d'art à lui tout seul !


CONCLUSION

Ranma 1/2 : Chougi Ranbu Hen est un petit jeu sympa pour se détendre dans un univers frais, joyeux et fantaisiste. Certes, on ne restera pas collé au pad aussi longtemps qu'un Street Fighter 2, mais le jeu garde un capital sympathie, surtout si vous êtes sensible de base à l'univers de Ranma 1/2.
De plus le jeu est soigné dans son ensemble et relativement complet. Ce n'est pas le jeu de baston du siècle, loin de là, mais il fait son petit effet chaque fois que l'on met la cartouche dans la console.


Les + :
- L'univers délirant de Ranma 1/2
- Globalement soigné (graphismes, animation, maniabilité, packaging)
- Des mimiques pas possible !
- On peut paramétrer pas mal de petites choses.

Les - :
- Encore un poil lent (mais ça reste acceptable).
- Peut être pas encore trop approximatifpour les puristes de la technique.

Fiche technique :
Sortie : le 28 avril 1994 (japon uniquement).
développé par : Rumic Soft
joueurs : 1 ou 2